Il est vrai que la crise du secteur est mondiale, mais le bilan fort négatif du tourisme national sera-t-il l’occasion de le repenser et d’adopter une nouvelle approche, une nouvelle stratégie à même de lui éviter d’autres déboires
La fin d’une année est toujours une occasion pour dresser le bilan de douze mois d’activités aussi diverses soient-elles. Il s’agit, en fait, de lister les réussites, mais aussi les échecs de cette année 2020 particulière à bien des égards…L’année Covid particulièrement, qui va marquer à jamais la mémoire collective de l’humanité. Une année charnière, entre l’avant et l’après-Covid, qui a bouleversé le monde comme aucune autre auparavant depuis la Seconde Guerre mondiale.
La pandémie a, certes, affecté l’économie mondiale dans sa globalité mais elle a particulièrement frappé de plein fouet le secteur touristique. Un secteur déjà affaibli en Tunisie par de nombreux événements caractéristiques de la dernière décennie, dont principalement la révolution du 14 janvier 2011 et deux attentats terroristes qui ont gravement impacté le secteur du tourisme et de l’artisanat.
Le tourisme constitue depuis les années 60 l’un des piliers de l’économie nationale. Il représente à lui seul 7% du PIB et environ 400.000 emplois. Des chiffres donnés souvent et toujours par les institutions gouvernementales, alors qu’une étude menée par KPMG Tunisie sur la place du tourisme dans l’économie tunisienne a révélé des chiffres beaucoup plus importants. En effet, après avoir collecté les données disséminées dans plusieurs administrations et procédé aux recoupements et croisements nécessaires, le cabinet est arrivé aux résultats suivants pour 2018 :
– Poids du tourisme dans le PIB : 13,8%. (14,2% attendus pour 2019)
– Part du tourisme dans la population active occupée : 11%
– Taux de couverture du déficit commercial par le tourisme : 21%
– Création d’emplois : 389.000 emplois directs et indirects, dont 98.000 emplois permanents.
Premier constat : l’écart entre les résultats est assez important. Mais pourquoi alors les gouvernements insistent-ils sur les mêmes chiffres officiels ? N’est-on pas vraiment conscient de l’apport du secteur ? Ou bien manque-t-on de volonté politique pour lui donner sa juste valeur ? Tant et tant d’autres questions qui s’imposent en ces temps de crise notamment.
S’agissant de la volonté politique, d’abord, disons que pour se développer, le tourisme a besoin d’un environnement global stable et la stabilité est devenue une monnaie rare chez nous. A titre indicatif, rappelons déjà que le ministère du Tourisme, à lui seul, a vu défiler depuis la révolution huit ministres dont trois en 2020. Certes, des efforts ont été menés pour faire renaître le secteur de ses cendres ; politiciens, techniciens, gestionnaires, professionnels…chacun de son côté a fait de son mieux, mais en vain…
Il est vrai que la crise du secteur est mondiale, mais le bilan fort négatif du tourisme national sera-t-il l’occasion de le repenser et d’adopter une nouvelle approche, une nouvelle stratégie à même de lui éviter d’autres déboires.
Yosr HAZGUI